Je suis arrivé à Osaka hier matin à 10
Je suis arrivé à Osaka hier matin à 10 heures.
J’ai profité du vol tout le long, car je n’ai pas dormi une
seule minute.
La chef de cabine, m’a invité à boire un whisky au bar
affaire et nous avons longuement parlé de Kyoto. Elle est hôtesse depuis 30 ans
et a choisi de l’être parce-qu’elle voulait venir une fois par mois au Japon,
ce qu’elle fait depuis.
Elle parle japonais et elle incarne la parfaite hôtesse des
années 60, classe, sexy, cultivée… avec une vie aventureuse. Elle analyse
parfaitement son goût du nomadisme. J’aime la façon dont elle aime son métier
après 30 années.
Ca m’a fait passer le temps et c’était agréable.
Tous ces gens qui vivent dans les avions sont bien étranges.
Les avions eux mêmes sont étranges. A chaque fois j’y pense.
Cette grosse machine de fer, qui vole à 10 km au dessus des
plaines glacées de la Sibérie par -60°c, dans la nuit polaire et qui me transporte de Paris au
Japon, en m’enveloppant de cognacs, de films et de couvertures c’est une
sensation qui me réjouit à chaque fois !
Je suis toujours stupéfait quand j’entends soupirer à propos
de la longueur des voyages.
Pour moi ces transports en quelques heures d’un point à
l’autre de la planète ont le confort de la téléportation avec quelques
sensations en plus, la perception de la nuit glacée juste de l’autre côté du
hublot, les lumières au bord du lac Baïkal… même le bruit de la machine
participe à mon plaisir.
En sortant de l’aérogare, j’ai cherché le train pour Kyoto,
et tout s’est fait avec une incroyable fluidité, comme si c’était un parcours
familier.
Dès que l’on rentre dans le train l’exotisme du Japon
jaillit sur les fenêtres.
J’avais oublié, cette multitudes de petites maisons,
construites à 30 cm les unes des autres, entre les voies de chemin de fer, sur
les collines, avec de minuscules terrains où poussent des choux même au centre
d’Osaka.
Les premiers quartiers en venant du port son populaires et
on voit un Japon très modeste avec des enfants qui jouent au Base Ball entre
les lotissements. Après on entre dans Osaka puis le train s’avance vers les
collines et Kyoto.
Il y a une foule d’images très courtes qui me déréalisent immédiatement tout en me détendant lorsque je pose le pied au Japon. Le contrôleur qui entre et se prosterne en récitant des formules de politesse avant de contrôler les billets, le chauffeur du train en gants blancs qui fait de même, la façon de faire la queue avant de pénétrer dans le train… les pêcheurs à la ligne rangés en ligne au bord d’un lac.
Je suis arrivé à Kyoto à midi. Un taxi lui aussi en gants
blancs, comme tous les taxis au Japon, avec des napperons de dentelle sur les
sièges m’a conduit jusqu’à l’Institut Franco-japonais.
Mon rendez-vous n’étant qu’à 15 heures, j’ai aperçu un tori
(grande porte orange à l’entrée des temples) au bout de la rue et m’y suis
dirigé pour attendre l’heure de mon rendez-vous.
J’ai passé les premières heures de mon séjour, assis à
regarder les personnes qui entraient et sortaient dans ce temple à ciel ouvert,
avec une fontaine qui coule, des lampions qui se balancent entre les pins
ensoleillés.
Là aussi j’ai assisté à toutes sortes de manifestations
exotiques. Six jeunes motards qui encerclent le bassin en se tenant les mains
et en chantant pendant une demi heure des chants graves comme le sont les
chants bouddhistes tibétains… puis ils sont repartis en riant et en
réenfourchant leur moto…
Il
n’y a pas de cris, on à la sensation que tout glisse,
même les voitures semblent plus amorties qu’ailleurs. Les feux rouges
font le bruit du coucou lorsque c'est rouge et du rossignol lorsque
c'est vert.
J’ai l’impression qu’on me fait des perfusions de
valium.
Tellement que pour replonger dans la réalité je me suis
imaginé une heure durant que j’avais oublié quelque chose d’essentiel dans
l’avion, avant de m’apercevoir que je m’étais trompé.
Du coup j’ai éprouvé plein de frayeur avant de me détendre.
Ce devait être ma réticence à lâcher prise qui m’a fait
inventer cette histoire.
La secrétaire de l’Institut m’a gentiment acceuilli, m’a fait visiter
les lieux, et ma chambre tout en haut (la partie jaune en haut à droite sur
l’image).
Cet institut date des années 30, et est typique de la France
de cette époque.
Paul Claudel a été son premier directeur je crois,
aujourd’hui il a été rénové mais en 2002 j’avais vu la vielle bibliothèque
encore à peu près dans l’état ou Claudel l’avait laissée.
J’aime bien ma chambre, elle est en angle et donne sur les
collines ensoleillées de Kyoto.
Je travaille à mon bureau où j’ai même une connexion
internet.
Le dimanche et le lundi l’Institut est fermé, et c’est
étrange d’être dans ce grand bâtiment vide, tout seul. Je suis seul à y dormir
et ça me plait…
En dessous il y a une grande bibliothèque, les bureaux etc.
puis au rez-de-chaussée un restaurant français.
A la nuit tombée je suis allé au bout de la rue pour manger.
La nourriture, je ne m’en souvenais plus, est très peu chère
semble-t-il.
Je suis entré dans une sorte de restaurant où on choisit ses
plats sur une machine en payant dans la machine, puis on donne le ticket des
plats pré-choisis et pré-payés au cuisinier qui les confectionne et les
apporte.
En sortant du restaurant je me suis arrêté au supermarché pour ramener de quoi manger dans ma chambre, des brioches avec des fraises entières à l’intérieur, du café pré-chauffé en bidon métallique, des boules blanches qui explosent dans la bouche et font couler du chocolat du saké...
En revenant, j’ai marché dans les rues sous les pins, avec
les vélos qui me frôlaient silencieusement dans la nuit, les lampions éclairés
et ce calme inouï du Japon qui me fait un effet immédiat.
J’ai ouvert le grand portail métallique et me suis promené
dans le jardin pour aller saluer le buste du Fondateur japonais de l’Institut.
Puis
je suis monté au dernier étage et me suis endormi en
plein décalage horaire pour une sublime nuit sans réveil de 8 heures !
Je me suis réveillé ce matin à 7 heures reposé et d'excellente humeur.