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Kyoto

17 février 2007

lien vers Fûdo La VILLA KATSURA Le RYOAN JI

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La VILLA KATSURA

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Le RYOAN JI  adolescentes devant le jardin de pierres

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Le PAVILLON d'OR

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Le KOTO IN

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OSAKA ce soir

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Dernière nuit à Osaka au 16 eme étage.
Avant de quitter le Japon des photographies de ces deux derniers jours à Kyoto et de quelques lieux que j'aime le plus.

La Villa Katsura, construite au XVI s., qui m'a inspiré Fûdo. L'architecture de cette villa a toutes les qualités de l'architecture de Le Corbusier et de l'architecture moderniste. Le module, les perspectives, les ouvertures, la pureté des lignes, l'abstraction...

Le Pavillon d'Or, aussi immatériel et irréel qu'un fantasme ou une image mentale, comme le Taj Mahal ou Chambord...

Le petit temple de bambous, de mousse et de fougères, le Koto In dans l'enceinte du Daitoku Ji, un temple très modeste mais le plus poétique dans lequel j'ai pénétré à Kyoto comme si l'on circulait dans un rêve compliqué.

Et Osaka ce soir, un futur joyeux et hystérique qui me séduit.


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14 février 2007

Pardon pour les fautes de frappe, je suis sur un

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Pardon pour les fautes de frappe, je suis sur un clavier nippon 

Beaucoup a developper depuis Yokohama que je completerai a mon retour.

Le retour en Shinkansen en longeant le Pacifique.

L hotel Miyako qui est presque un studio photo pour moi et que je photographie dans tous les sens.

Le plaisir de vivre dans une chambre japonaise, de dormir sur les tatamis de faire coulisser les panneaux de regarder les Ikebanas dans l ombre, de plonger le corps dans une baignoire en bois.

Les laques dorees du Musee aujourd hui, la Villa Katsura demain...

Je raconte a Raphael qui est arrive a Kyoto hier, tout ce que j ai en tete et de formuler, mon travail nippon se precise et prend corps et m inquiete moins, j espere montrer les premieres images a Phnom Penh en mai...

12 février 2007

. . . Je suis à Yokohama depuis deux jours.

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Je suis à Yokohama depuis deux jours.

Yokohama est très différent de Kyoto, et même de Tokyo et Osaka.

C’est un grand port, avec un vent d’occident. C’est par Yokohama, que sont arrivés les occidentaux, où ils sont restés confinés d’ailleurs sur un rocher. Les japonais moins naïfs peut-être que dans d’autres parties du monde avaient compris le danger et leurs velléités.

Je suis installé chez Philippe, sur la colline.

Nous avons passé le premier soir, dans les espaces d’expositions sur les docks, ensuite sur une incroyable jetée de bois au dessin aussi sensuel qu’un dauphin qui ferait des vrilles dans l’eau, puis nous avons dîné dans le Chinatown de Yokohama avant de terminer la soirée dans un minuscule bar avec deux tables, la vagues d’Hokusai au dessus de la table dans une ambiance Ménilmontant très étudiée.

Hier journée à Kamakura, très beau moment sur la tombe d’Ozu, avec un homme qui était en train de faire brûler de l’encens, au milieu des bouteilles de saké et de bière déposées sur la tombe.

Les temples sont nichés dans le creux de la montagne et certains arbres déjà en fleur.

Soirée amusante chez le galeriste que j’avais rencontré dans le onsen, il avait invité un autre photographe qui avait réalisé un livre sur le Ladak, la femme d’un réalisateur de films qui avait vêcu à Los Angeles et connaissait parfaitement la France et son assistante.

Leur maison ressemble à une maison en Bavière et n’a rien de japonais quoique…

Pendant que je parlais de la France et racontait d’où je venais il y avait sur le grand écran TV une émission et un reportage sur les vendanges dans le Languedoc, où l’on voyait les raisins se déverser par les machines à vendanger etc. Ce que j’étais en train de leur raconter.

Comme en Inde je suis parfaitement français pour un japonais tant j’incarne, avec des parents qui font du vin et moi qui fait de l’art les deux vecteurs par lequel ils voient la France, c’est drôle j’essayais de trouver les mêmes combinaisons pour un japonais, un indien… et ça donnait des combinaisons intéressantes. C`est un peu comme si un japonais racontait a des francais que sa mere est Geisha et son pere acteur de Kabuki...

Je suis revenu en train de banlieue, vers minuit

Je vais descendre dans la ville, il fait beau !

9 février 2007

Quelle vie paisible j’ai à Kyoto.Je fais tout

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Quelle vie paisible j’ai à Kyoto.
Je fais tout plus lentement qu’à Paris, je vais d’un point à un autre, je fais chaque chose l’une après l’autre, je me pose longuement chaque jour.
Tout incite à ce rythme. N’importe quel travailleur, ou groupe d’étudiant n’hésite pas à arrêter ce qu’il fait pour m’accompagner calmement dans la direction que je souhaite.

Personne ne paraît réellement pressé, ni excité, et les visages que je croise sont paisibles.
Je pose mon vélo partout sans l’attacher, lorsque je rentre dans la banque je laisse dans le panier du vélo les provisions achetées au supermarché et les retrouve en sortant… Tout cela aère la tête.
Pour cette existence-ci, je pense avoir lâché pour toujours l’excitation et l’hystérie occidentale, ceci depuis mes longs séjours en Inde, l’envie d’être pressé, de faire plusieurs choses à la fois pour me donner l’illusion que ce que je fais est vital m’est apparu tellement ridicule, que d’un seul coup je n’ai plus pu m’exciter.

Par contre le triste spectacle des regards affolés pour une caissière nonchalante, un client qui met quelques secondes de trop à choisir sa consommation, une directrice de revue qui me demande de lui montrer mes images devant l’ascenseur car elle est débordée à chaque retour en occident est douloureux.
Ce qui est d’autant plus amusant c’est les lieux communs dont on qualifie la société japonaise.
On nous dit qu’ils sont stressés, victimes de pressions terribles et hystériques… peut-être le sont-ils mais ce n’est pas ce que je vois.
Et lorsqu’ils s’endorment dans le métro en groupe, c’est à mon sens, moins parce-qu’ils sont épuisés que parce-qu’ils sont détendus et confiants quant à ceux qui les entourent.
Les lieux communs sur un pays sont toujours faux, c’est une chose entendue mais c’est ceux qui plaisent. Cette idiote d’Amélie Nothomb, gagne beaucoup d’argent parce qu’elle se contente de répéter ce que l’on sait déjà sur le Japon, et c’est pour ça qu’on la trouve formidable parce-qu’on reconnaît ce qu’on sait déjà même si c’est faux.
Lacan dit que l’être humain est animé par deux passions égales la passion de la connaissance et la passion de l’ignorance, dans ce cas je crois que c’est la passion de l’ignorance qui est à l’œuvre.

Aujourd’hui j’ai l’impression d’avoir avancé sur mon travail.
Les photos des enfants me rappelaient les enfants du marin rejeté par la mer de Mishima, et ils se retrouveront peut-être dans les architectures prises les jours précédents, les masques de Nô aussi.

A midi j’ai déjeuné avec le directeur de l’Institut, puis je me suis rendu dans le parc du palais Impérial pour demander une autorisation afin de visiter la villa impériale Katsura.
J’étais à vélo, il bruinait et j’ai adoré longer ces longs murs du Palais impérial avec quelques marcheurs qui sortaient de la brume pour les longer et disparaître.

Il faisait doux et je me suis assis pour lire sur un banc une nouvelle de Taeko Kôno, La neige,
sur la quatrième de couverture il y a une phrase qui formule parfaitement les raisons pour lesquelles j’aime l’œuvre de cet écrivain « Dans les nouvelles de Taeko Kôno se joue une part de liberté peu commune qui laisse affleurer le fantasme en actes, détruisant irrémédiablement toute aspiration à la conformité sociale », une anti-Amélie Nothomb !

En fin d’après-midi j’ai retrouvé Ogachi avec qui j’étais sorti la veille et qui me montre des endroits que je ne soupçonnais pas à Kyoto.
Aujourd’hui il m’a conduit au bout d’une minuscule venelle entre deux maisons, au nord du quartier de Gion dans un petit salon de thé tenu par une japonaise parfaitement francophone (elle a appris la cuisine française dans une famille à Dijon).
Je raffole de ce type de lieu au japon, qui n’existent qu’ici, il y a cinq chaises, un comptoir, une vitre qui ouvre sur un jardin miniature de deux mètres carrés avec des bambous et une fontaine, et derrière le comptoir des casseroles de chocolat fondant et trois sublimes masques de Nô.

Lien vers ce salon de thé que je recommande

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Ces masques sont réalisées par une artiste qui vit dans la maison voisine, et dont Yuya m’a montré un beau reportage dans le Times.

Lien vers le site de cette créatrice de masques Nô

Mitsue Nakamura

J’aurais adoré réaliser son portrait, faire un reportage sur elle, ou suivre l’un des workshops qu’elle propose mais la semaine prochaine elle se fera opérer et je ne pourrais pas la rencontrer.
Tant pis les photographies de ses masques, que j’ai réalisées aujourd’hui s’incarneront dans des architectures contemporaines, et j’aimerais montrer certaines de ces images dans mon exposition de Phnom-Penh si j’ai le temps.

Demain je prends le Shinkansen, (le train à grande vitesse qui longe la côte Est du Japon) à midi pour Yokohama.

 

8 février 2007

Yayoi KUSAMA Inochi TAKESHI MURAKAMI Mushroom

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Yayoi KUSAMA

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TAKESHI MURAKAMI   Mushroom                          Jelly fish eyes oval                              
mushroomjellyfisheyesoval

ChihoAoshima

Chiho Aoshima Tsunami is dreadful

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Tadanori Yokoo

Mishima
l'écrivain Yukio MISHIMA posant en St Sébastien pour  Eikoh HOSOE

Beato
Felice BEATO (fin XIX s.)

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Shigeru Ban  Less House  (deux plaques parrallèles pour le toit et le sol et une enveloppe de verre; construit dans la forêt)
et Paper House
(maison en papier et carton)

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Takaharu and Yui TEZUKA


Aujourd'hui je ne me suis occupé que de choses techniques (réserver ou annuler des réservations), rangement etc.
Je sortirai tout à l'heure avec Ogachi, avec qui j'ai rendez-vous pour une sortie nocturne dans Kyoto.
Alors j'ai mis ensemble quelques uns des écrivains, artistes et architectes japonais que j'aime, dont j'ai parlé précédemment ou pas, et que je consulte pour mon propre travail…

Ce qui m’intéressait aussi c’était de les mettre ensemble pour voir les liens qu’ils tissent entre eux.
Ce qui m’apparaît, c’est des choses qui vont de la catastrophe à l’hybridation, l’érotisme, la fragilité, l’éphémère, la pureté, la perversité, la folie… (Kusama a installé son atelier dans une clinique psychiatrique pour plus de commodités) et une beauté qui même contemporaine a créé ses propres valeurs et sa propre histoire, distante des canons occidentaux.

Pour moi les fresques de Murakami et de Aoshima sont la suite esthétique des fresques dorées de Nijo Palace. La froideur de Taeko Kono fait suite aux listes de Sei Shonagon, les maisons de papier de Shigeru Ban aux villas du XVe s. ou au Palais Nijo…

Je me prépare à sortir et je vais faire brûler un bâton d'encens avant. C'est le premier jour depuis mon arrivée qu'il pleut à Kyoto.


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7 février 2007

C’est le premier matin où j’ai l’impression après

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C’est le premier matin où j’ai l’impression après dix jours de rattraper le décalage horaire.
Ce matin je suis monté dans les collines du nord de Kyoto, chez mes amis pour photographier leur villa. Beau mélange de design européen des 60’s et d’espaces japonais.
Les quatre heures de prise de vue terminées nous sommes descendus vers le temple.

Il y a toujours un temple à proximité à Kyoto.
En arrivant devant la porte j’ai réalisé tout à coup que je connaissais très bien.
Il y a des signes dans la vie très curieux et presque impossibles à décrypter, tant ils ressemblent à des farces.

Lorsque j’étais à Kyoto il y a cinq ans, je logeais dans un ryokan dans le bois au dessus du quartier de Gion.
Un jour la propriétaire, nous a dit je vais vous conduire dans le temple que j’aime le plus à Kyoto. Nous sommes montés avec elle en voiture et avons fait plusieurs kilomètres à travers la ville puis dans les quartiers résidentiels de la banlieue pour nous rendre à ce temple qui est en effet extrêmement apaisant; mais ce n’est pas tout. Sur le chemin elle nous a arrêté devant une villa où vivait un des céramistes les plus connus du Japon car elle souhaitait lui acheter une pièce.
Tout à coup j’ai réalisé que cette villa devant laquelle nous nous étions arrêtés était celle qu’habitent aujourd’hui mes amis et que je venais de photographier.
C’est aussi improbable que si étant japonais de passage à Paris je me retrouvais deux fois pour des raisons qui n’ont absolument aucun lien dans la même villa d’une ruelle de Jouy-en-Josas.
Nous avons terminé la journée devant le jardin du temple et c'est devenu un rite quotidien.

6 février 2007

La villa Kujoyama, sur les collines au-dessus de

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La villa Kujoyama, sur les collines au-dessus de Kyoto pour un futur travail.
J’ai déambulé dans ce château des Carpates contemporain pendant plusieurs heures pour arriver à faire des photos et à contrer les inconvénients techniques.

Demain je dois réaliser une autre série dans une villa sur les collines aussi, mais dans un autre genre.
J’ai passé la soirée dans les galeries marchandes et les librairies et je mange ce soir comme un jeune japonais avec un plateau de sashimis, et une bière Asahi en travaillant à mon bureau.

5 février 2007

Les "Chroniques japonaises"

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Les journées se suivent sans se ressembler malgré, un long moment quotidien dans les temples car je suis à Kyoto.
Dans les Chroniques japonaises de Nicolas Bouvier, je lisais aujourd’hui à propos de Kyoto :
« L’intervention d’un ancien consul américain lui a évité les bombes des B-29. Je mettrais volontiers Kyoto au nombre des dix villes du monde où il vaille la peine de vivre quelques temps.
Comme Florence ou Ispahan, c’est aussi hélas ! une de ces villes d’art un brin exténuée d’avoir trop été, où vous ne trouvez pas une poutre qui n’ait été sculptée ou décorée par un artiste célèbre, pas un rocher au pied duquel deux guerriers fameux ne se soient occis, où la densité culturelle est si forte que, tout occupé de savoir, de distinguer, d’apprendre on n’a parfois plus le temps de sentir… »

Cette réflexion est juste, car je suis plongé dans des lectures sur Kyoto, toute la journée, mais la masse de ce que je dois connaître pour comprendre me donne le vertige, à mesure que j’avance de nouveaux pans se dessinent, et je me contente pour l’instant d’engranger intuitivement ce dont j’aurai peut-être besoin pour un nouveau travail sur le Japon.
Ce nouveau travail dont j’avais une idée en arrivant se modifie au fur et à mesure et devient de plus en plus imprécis.
Car la perception et l’expérience d’une ville par rapport au travail artistique qui va en découler est toujours décalée de plusieurs mois et parfois de plusieurs années.
Le travail que j’ai fait cette année pour Calcutta était décalé de deux ans, celui de fûdo aussi, et je n’ai pas encore fait celui sur l’Iran que je présenterai en octobre à Téhéran, ni celui sur Phnom Penh en mai.
Du coup tout se télescope, se superpose et me donne des angoisses, c’est normal.
Car la vie extérieure que j’ai ici pourrait s’apparenter à celle d’un touriste, je visite les lieux, je récolte des images, je lis, je note, j’essaye de comprendre… mais cela ne génèrerait pas d’angoisses si j’en restais là.
Tout ce matériau doit être transformé en quelque chose, et plus ça va moins je sais à quoi ressemblera cette chose.
En général, j’ai la vision de cette nouvelle chose à la fin du séjour, ensuite il suffit de travailler devant mon ordinateur pour transformer ce matériau afin qu’il incarne parfaitement cette vision.

Aujourd’hui je suis parvenu à me réveiller plus tôt, j’ai pris un bus pour les collines de Kyoto où on m’avait indiqué un onsen.
Je me suis retrouvé dans un endroit bizarre, perdu dans la montagne, une sorte de café restaurant perdu et accolé à un onsen qui ne me disait rien.
Pourtant, la patronne et les clients avaient l’air ravis de me voir. Ils m’ont offert du thé, me dévisageaient pour voir combien j’étais différent, comme cela arrive parfois dans un village de l’Inde ou du Cambodge, et éclataient de rire dès que je prononçais une parole ou faisait un mouvement.
Quand ils ont compris que je n’allais pas rester, ils m’ont gentiment accompagné jusqu’à la station d’autocar pour revenir sur Kyoto.

J’ai repris mon vélo à l’Institut et j’ai choisi d’aller lire dans un nouveau temple zen que je ne connaissais pas au nord de la ville. Le Daitoku ji, c’est en fait un ensemble de temple… le premier très connu ne me plaisait pas, il était joli mais il n'était habité par rien. Je sentais, le bois, je voyais le gravier et les rochers mais rien de plus… des adolescents méditaient à l’intérieur, sous la conduite d’un moine et au son du gong.
Le deuxième et le troisième non plus ne m’intéressaient pas, puis dans le quatrième je suis entré, j’étais seul, il ressemblait exactement aux trois autres mais n’avait rien à voir.
Ce doit être une question de géomancie, de lumière ou d’humeur.
On y sentait un calme qui n’était pas dans les précédents, et je me suis installé pour lire plusieurs heures dans le soleil de fin d’après-midi, sur la coursive face au jardin de rochers.
Le temple a fermé sans que je ne m’en aperçoive avec moi dedans, un moine est venu me voir et m’a conduit dans les salles de méditation à l’intérieur avant de me raccompagner à la sortie.

Deux jeunes de Yokohama à qui je demandais mon chemin ont fait un détour de 2 km pour m’accompagner, c’est une chose qui m’arrive tous les jours.
Lorsque je demande mon chemin dans un restaurant le cuisinier sort de sa cuisine, prend sa moto et m’accompagne à l’endroit que je cherche, avec des sourires et des salutations en grande quantité.
La gentillesse japonaise est incroyable.
Ce soir dans le restaurant où je dînais, la patronne puis deux clients qui étaient à quatre tables de moi m’ont offert des plats, parce-qu’ils avaient entendu que j’étais français…

Lorsque la nuit est tombée et qu’il commençait à faire froid je suis parti à la recherche d’un nouveau sento près du parc Funaokayama.
Il était très bien et je le recommande, pour deux euros c’est une sorte de petite thalasso… dans les bains chauds.
Aujourd’hui est un jour férié et il était plein ce qui m’a donné l’occasion de voir comment on vivait ces bains.
Les pères viennent avec leurs fils, il y a des vieux qui ressemblent à Confucius, des hommes d’affaires, des jeunes branchés avec d’énormes chaînes autour du cou… et la façon de se comporter est très codée, on se lave avant et après etc. etc.
Celui-ci avait aménagé dans une minuscule cour de dix mètres carrés, un bassin en bois avec quelques rochers autour, une vénus et des carpes qui tournent autour de la vénus.
Ces moments passés dans les sento me font rentrer dans le Japon encore plus que le reste, car je suis avec des personnes qui viennent la souvent, et dont le comportement relatif au moment des bains et de la relaxation est différent… J’observe et apprend beaucoup.

Je suis revenu détendu et calme par les petites rues en vélo, j’ai traversé la rivière et me suis assis dans un restaurant pour manger.
J’ai fait connaissance avec mon voisin, un français qui est le directeur de L’Ecole Fse d’Extrême Orient.
Ce Japon est curieux, ou c’est peut-être moi ; car lorsque je plonge dans un onsen je rencontre un galeriste et lorsque je m’assied à un table d’un petit restaurant d’une ruelle du nord de Kyoto je fais cette nouvelle rencontre…
Le galeriste dont je parlais l’autre jour, à vu fûdo sur mon site, ça lui a plu et il m’a envoyé un mail pour m’inviter chez lui à Yokohama le 11.
Je n’ai donc qu'à me laisser aller et comme dit le Tao, « suivre comme l’eau, la voie de moindre résistance »…

4 février 2007

"La maison de rendez-vous"

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Un court blog aujourd’hui car je suis invité à dîner, et que les piles de mon appareil photo n’ont pas chargé cette nuit, alors je n’ai pu prendre que deux photos aujourd’hui, la jardinière qui entretien son tapis de mousse et le jardin zen du Temple Kenninji devant lequel j’ai passé un long moment en fin d’après-midi.
Je ne connaissais pas ce temple dont j’ai longé les murs plusieurs fois sans y entrer.
’ai transformé l’incident et ma frustration de ne pas pouvoir prendre de photos en regardant autrement, et si toute les œuvres d’art nécessitent une mise en condition et un apprentissage pour les regarder pleinement, celles du Japon demandent un effort supplémentaire pour goûter ce dépouillement, car rien n’accroche le regard de façon spectaculaire ou anecdotique, mais tout se passe dans le dépouillement des formes et leur agencement entre elles.
C’est une chose assez commune que de dire ça, mais l’expérience réelle devant un jardin zen est bien différente de celles que l’on peut avoir ailleurs, dans un autre espace.
Ca necessite une qualité de vide et de contemplation, qui est je pense l’effet souhaité.

En remontant en vélo dans la nuit je me suis arrêté devant un ryokan (maison traditionnelle qui fait hôtel) luxueux et très cher (700 euros la nuit !), mais j’ai joué le client intéressé pour le visiter.
J’avais l’impression de pénétrer dans une maison de rendez-vous luxueuse, avec des femmes en kimonos bleu clair, paille… debout, figées et souriantes devant les portes coulissantes, en haut des escaliers.
Tout à coup un groupe d’hommes, assez murs avec le crane rasé et de belles têtes ridées et calmes, vêtus de larges kimonos noirs sont sortis d’une pièce. Ils ont enlevé leur kimono noir dans le couloir, et ce kimono noir recouvrait un large habit crème, une sorte de longue robe avec des pans amidonnés par dessus.
Dans ces couloirs crèmes avec les ikébana au fond de chaque couloir et les peintures de soie sur les murs je me sentais très loin de la France et pourtant dans une scène quotidienne du centre ville de Kyoto.
Je demanderai à un japonais qui sont les personnes qui sont vêtues de cette façon.
Je vais dîner chez des amis sur les collines au nord de Kyoto.

3 février 2007

"Choses qui tombent du ciel"

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La grande découverte d’aujourd’hui ce sont les peintures du Palais Nijo.
C’est un palais au centre de Kyoto. Ces palais ressemblent à des villas construites sur pilotis.
Les armatures sont en bois, les toits en (ardoise ?) et les portes coulissantes en bois et papier opaque, (les shôji).
Les murs ne sont constitués que de portes de papier qui coulissent.
Ce sont finalement des palais de bois et de papier.

Une galerie fait le tour du palais, sur lesquelles ouvrent ces portes et à l’intérieur les pièces ouvrent sur la galerie. Toutes les pièces sont couvertes de parois de paysages peints.
Ce sont des parois dorées sur les quelles se détachent un tigre qui boit de l’eau, trois hérons dans un étang, à peine quelques branches grandeurs nature de pins, quelques bambous dans le vent…
C’est presque impossible à expliquer et on n’a pas le droit de photographier mais j’ai dévoré des yeux les détails de ces peintures et surtout leur agencement.
Les panneaux se succèdent et les pins courent tout le long des murs, comme si on voyait un paysage en hauteur.
Quelques mannequins de cire sont posés dans les pièces, et on imagine dans quel monde vivaient les résidents de ces palais.
Finalement les peintures représentent exactement ce qu’il y a derrière ces parois de papier qui laissent passer la lumière mais pas le regard dans le parc.
Ils vivaient et circulaient dans un monde représenté alors que le réel était dissimulé.
C’est le sens de l’art et de la culture comme à Persépolis ou Versailles mais ici poussé dans son extrémité et son dépouillement.
Ils vivaient dans un monde clos où la nature était sublimée.

Le choix de ce qui est représenté aussi m’a fasciné, il ne s’agit pas de batailles, de portraits de princes, mais de joncs fanés, d’oiseaux dans un arbre enneigé, de quelques branches de pins, de cerisiers en fleurs…
Et puis cette feuille d’or dans la lumière filtrée par les Sôji miroite et renvoie un lumière douce et fluctuante.
Pour aller encore plus loin dans cette irréalité, les lattes de bois du sol sont agencées de sorte que lorsqu’on marche le mouvement des pas sur le parquet évoque le chant du rossignol.
Il y avait un peu trop de monde de sorte que le parquet grésillait plus qu’il n’évoquait un chant de rossignol, mais j’imaginais un femme en kimonos déambulant dans ces couloirs seule la nuit avec la lumière d’une lanterne qui dévoilait et cachait à mesure de son avancée les panneaux d’or habités par ces animaux tranquilles.

C’est dans ce cadre que j’imagine vivre Sei Shonagon, un dame d’honneur du XI è s. qui a écrit un des plus beaux livres en langue japonaise les « notes de chevet ».
Cette suivante obsessionnelle avait la passion et la manie des listes

choses que les gens ignorent le plus fréquemment
choses qu’il ne valait pas la peine de faire
choses qui gagnent à être peintes
choses qui perdent à être peintes
choses qui font battre le cœur
choses qui sont éloignées bien que proches
choses qui sont proches bien qu ‘éloignées
choses qui doivent être courte
choses qui donnent une impression de chaleur
choses qu’il ne valait pas la peine de faire

 et pour les choses qui doivent être courtes cela va du piédestal d’une lampe à ce que dit une jeune fille ou pour les choses effrayantes, le lotus épineux et un homme qui a beaucoup de cheveux, et qui les fait sécher après s’être lavé la tête

Cette façon de répertorier le monde et le réel pour en faire des listes donne le vertige. Je me demande si elle faisait des listes comme un poème rédigé d’un seul élan, ou si elle avait plusieurs listes en cours qu’elle complétait au fur et à mesure de ses observations et réflexions…

A la lecture de ces listes un monde fait de minuscules détails se dessine, et c’est un monde plein de sagesse et de folie qui sublime et renvoie le reflet du monde réel comme les peintures du Palais Nijo.

2 février 2007

"Dites-nous comment survivre à notre folie"

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Aujourd’hui, c’est la pleine lune il me semble, en tout cas c’est la fête à Kyoto, car c’est demain que les japonais fêteront la mort de l’hiver et l’arrivée du cycle du printemps, d’énormes feux brûlent dans les temples et des étals de pâtisseries sont installés dans les allées.
Je n’ai pas vérifié, mais je pense que cela correspond au nouvel an chinois, et à l’hexagrame « le retour » dans le Yi-King.
Dans les temples il y a des feux qui brûlent, et des montagnes de bouteilles de sake, enveloppées dans des papiers de soie imprimés.
C’est beau.
Ce matin je suis descendu en vélo jusqu’au musée d’art moderne et au musée d’art contemporain qui lui fait face.

Sur l’esplanade, il y avait un groupe de petits mongoliens  qui jouaient (la photo des enfants qui rient) et ça m’a fait penser au roman de Kenzaburô Oé au titre admirable:
Dites-nous comment survivre à notre folie.

J’ai passé du temps dans les deux musées qui sont une illustration de la fameuse théorie de Tanizaki relatée hier.
On sent qu’ils se sont totalement fourvoyés au 20 ème s., rien ne m’intéressait.

Par contre, je trouve qu’il y a des artistes comme Kusama, Murakami et les acolytes de sa factory qui eux ont traversé tout ça et inventent une nouvelle forme d’art qui m’intéresse beaucoup.
Après ces longues heures dans les musées j’ai repris mon vélo et j’ai grimpé sur la colline au dessus de Gion pour retrouver le Ryokan (auberge avec chambres traditionnelles, tatamis etc.) dans lequel je logeais lors de mon premier séjour.

Puis je suis descendu dans Gion à vélo. Gion est le quartier ancien de Kyoto, où vivent les fameuses geishas.
C’était justement l’heure à laquelle sortent les geishas. Dans la nuit c’est amusant de les voir flotter sur leur socques de 20 cm de haut, dans leur kimonos soyeux, le visage impeccablement grimé.
Je n’arrive pas à les voir comme des êtres humains. Je pense que c'est l'effet recherché car elles incarnent une parfaite désincarnation.
Celles que j’avais prises en photo la dernière fois se sont retrouvées en train de brûler dans un énorme feu dans Fûdo, peut-être pour célébrer le retour du printemps.
Ce qui me touche chez elles c’est que le Japon ait inventé ce type de féminité, c’est aussi curieux et irréel que les bonzaïs, le Temple d’or, ou les jardins de gravier… Il en va là aussi je pense de l’illusion matérialisée…

Je suis descendu jusqu’à la Gare en vélo complètement au sud et lorsque j’y suis arrivé j’ai regretté d’y être venu car il faisait froid, j’étais fatigué de pédaler et j’habite tout au nord. Je suis remonté par les avenues qui me rappellent Shanghai et c’était finalement agréable de voir cette autre partie de la ville beaucoup plus commerciale et moderne.
J’ai contourné le grand parc du Palais Impérial, j’ai traversé la rivière puis je me suis arrêté devant un temple où brûlait un grand feu pou me réchauffer, on m’a offert du thé brûlant et une crêpe fourrée de crème de sésame. La gentillesse et la bonne humeur des japonais est désarmante.

Arrivé devant l’Institut j’ai garé mon vélo et me suis dirigé vers le temple à proximité qui est celui où l’on fête avec le plus d'intensité le retour du printemps.
Il y avait une foule compacte qui se rendait au temple avec de chaque côté de l’allée sur 200 mètres des forains qui vendent des pâtisseries.
J’en ai goûté plusieurs, des bananes nappées de chocolat, des gâteaux mous et fourrés de délicieuses crèmes.
Les têtes des forains ne ressemblent pas du tout à celle des japonais que l’on voit à Paris.
Ils sont très populaires, gouilleurs et on a l’impression qu’ils sortent d’un film du XIX ème siècle, tant ils font des gestes, rient, interpellent les clients…
Ca m’a plu.

Je suis retourné travailler dans ma chambre entouré de pâtisseries et de sake, avec les montagnes blanches qui se détachent dans la nuit.

1 février 2007

"Eloge de l'ombre"

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Il neige sur Kyoto, la thermomètre a baissé et je viens de traverser la ville dans la nuit sur mon vélo de la marque Enjoy, sous les minuscules flocons.
J’ai passé une journée merveilleuse.
Ce matin, j’ai pris mon travail, mes livres et je suis monté dans le train pour Kurama dans les montagnes au dessus de Kyoto.
C’est un petit train qui s’arrête dans les villages autour de Kyoto puis qui monte en serpentant jusqu’à Kurama.
C’est un petit village au bord d’un rivière dans une vallée qui m’a fait penser à celui de mon grand-père en Italie, Isolabona.
Au dessus du village je me suis dirigé vers le onsen, le bain de sources chaudes en plein air comme j’en avais dessiné dans Fûdo.

J’ai mangé une soupe de nouilles, assis sur les tatamis puis j’ai lu un bon moment dans le silence entouré de quelques clients en kimono qui sortaient des bains.
En début d’après-midi j’ai plongé dans les bains chauds et j’y suis resté 3 heures.
C’est un bassin en bois entouré par la forêt, le corps est immergé dans l’eau bouillante et la tête à l’air froid on regarde les sapins et les bambous qui frémissent et rien d’autre.
Lorsque j’avais trop chaud je retournais lire sur un banc, avec seulement une serviette autour des reins, le temps d’avoir le corps glacé et de replonger dans l’eau bouillante.

 C’était le cadre rêvé pour méditer sur ce que je lisais « l’éloge de l’ombre » de Tanizaki.
Son idée en un mot c’est que:
« l’Occident a suivi sa voie naturelle pour en arriver à son état actuel ; quant à nous mis en présence d’une civilisation plus avancée, nous n’avons pu faire autrement que de l’introduire chez nous, mais par contre-coup, nous avons été amenés à bifurquer vers une direction autre que celle que nous suivions depuis des millénaires : bien des embarras et bien des déconvenues nous sont, je pense, venus de là. »
A partir de là il recherche le sens qu’ont chaque éléments de la vie quotidienne japonaise et de l’habitat. De la couleur de la soupe, au choix des laques qui la contient, le choix du bois pour les « lieux d’aisance » car « le grain du bois dégage alors un certain charme qui calme étrangement les nerfs », et surtout tout le rapport à l’ombre et la lumière.
Il dit qu’en occident nous chassons l’ombre des habitations alors que la maison japonaise s’organise autour de ces jeux d’ombre. Il est facile d’imaginer à quel point cela a du sens, et combien par ricochet cette façon d’habiter crée une existence mentale, physique basée sur la sensation et l'harmonie bien différente à l’opposé du sens pratique dont le seul charme réside dans son efficacité.

Lorsque je relevais la tête de mon livre je regardais les autres baigneurs pour apprendre les gestes qu’il faut faire ou ne pas faire. Les gestes de pudeur par exemple, ils plongent nus dans l’eau bouillant se lavent devant tout le monde avec beaucoup de minutie mais marchent en tenant une main devant leur sexe et les fesses à l’air.
Et puis on apprend beaucoup sur le rapport social, le vieil homme qui rentre dans l’eau et ne regarde personne, les trois jeunes qui parlent en éclatant de rire pendant une heure continue.
J’ai la sensation que socialement il est très important au Japon de manifester une bonne humeur permanente.
Pour moi qui ne comprend pas le japonais, et c’est un plaisir pour observer ce qui apparaît hors du langage, j’ai l’impression qu’ils se racontent des blagues toute la journée.

Dans un état de paix incroyable qui me rappelait mes retours des massages ayurvédiques après les journées de travail à Kannyakumari, je suis redescendu à pied jusqu’au village.
J’ai trouvé une petite épicerie, où j’ai choisi une pâtisserie (une boule poudrée à base d’haricots rouges sucrés qui font penser à la châtaigne), je me suis installé au fond de l’épicerie sur les tatamis, devant un thé vert, et j’ai travaillé longtemps sans que personne ne me dérange.
Je regardais les femmes de l’épicerie qui empaquetaient silencieusement des objets avec des pliages compliqués sans dire un mot avec au dessus de leur tête des masques de monstres qui je suppose symbolisent les esprits.
Par moments j’avais l’impression de me retrouver dans la scène d’un film de Naruse ou d’Ozu.

Au moment où le soleil se couchait je suis monté au temple perché sur une colline en haut d’un escalier interminable. Ce temple n’était pas particulièrement beau, mais dans cette fin du jour, au milieu de la forêt avec les corbeaux qui croissent, les tori oranges, les lanternes de pierre et les statues de monstres il avait quelque chose de très habité.

Tout en haut du temple j’ai croisé un des baigneurs du Onsen accompagné de sa femme et de sa fille.
Je les ai retrouvé en redescendant dans la petite gare, en attendant le train. Nous avons lié connaissance et nous avons parlé.
Tous les trois étaient d’une courtoisie exemplaire. Il m’a appris qu’ils vivaient à Yokohama, était producteur de comédies japonaises, et possédait une petite galerie d’art contemporain

dans le quartier de Ginza à Tokyo.
Nous avons longuement parlé dans le train, et ils étaient très amusés par mon intérêt pour le Japon et surpris que je lise la littérature japonaise qu’ils ne pensaient même pas traduite en français.
Nous avons échangé nos cartes et nous sommes dit au revoir en arrivant à Kyoto.

Sur le chemin de l’Institut je me suis arrêté dans une galerie d’art, puis j’ai retrouvé M. la secrétaire et son fils pour dîner.
J’ai beaucoup aimé ce qu’ils m’ont raconté de leur vie en Chine, en Mongolie etc.
Ces français qui se construisent des vies différentes hors de France me passionnent.
Elle m’a proposé de me prêter un vélo pendant mon séjour et je suis revenu dans la nuit glacée en pédalant et en sifflotant. Il faut que je m’achète des gants.

Avant d’arriver à l’Institut j’ai fait un stop au supermarché pour acheter une bière et mon petit déjeuner, puis j’ai ouvert le portail avec mes clés, j’ai garé mon vélo et suis rentré dans ma chambre avec l’agréable sensation nouvelle de vivre dans un endroit, non pas seulement de passage mais avec les premières habitudes quotidiennes et une familiarité qui arrive doucement…

31 janvier 2007

Curieuse journée aujourd’hui moins riche que la

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Curieuse journée aujourd’hui moins riche que la veille et qui me montre que je n’ai pas encore tous les repères et que je suis ailleurs.
J’ai d’abord perdu mon plan très précis qui me permétait de déambuler dans Kyoto en sachant exactement où j’étais, il faut que je retrouve le même, puis à cause peut-être du décalage horaire je travaille et je me couche tard et me réveille tard et donc partout où j’arrivais c’était trop tard.
Plutôt que de lutter et de m’énerver contre moi-même, je n’ai pas insisté, j’ai repris le métro en sens inverse et suis tombé par hasard sur Alexandre qui revenait d’Osaka.
Chaque fois que je suis dans une ville de plusieurs millions d’habitants je tombe par hasard sur la seule personne que je connais dans cette ville. Ca m’arrive à chaque fois.

En arrivant à l’Institut j’ai téléphoné à Philippe qui est à Yokohama, il m’a communiqué sa bonne humeur et j’irai du 10 au 13 à Yokohama qui est paraît-il une ville qui devrait me plaire.
Les seules visions que j’en ai sont celles de « Le marin rejeté par la mer » de Mishima, et des premiers photographes de la fin du XIX s. comme Beato, avec ces personnages recolorisés et le port…

J’ai pris à la bibliothèque pour le relire « l’éloge de l’ombre » de Tanizaki qui est pour moi une des grandes clé pour comprendre le Japon et l’art de l’habiter.
Puis j’ai dîné au café de l’Institut et suis remonté dans ma chambre.
C'est peut-être de réfléchir sur ce nouveau travail qui m'énerve et de trouver une nouvelle direction; c'est pour ça que j'ai décidé de me replonger dans les sources qui me plaisent avec "l'éloge de l'ombre", les listes de Sei Shnagon et les romans scandaleux de Teako Kono. A demain!

30 janvier 2007

Depuis deux jours que je suis à Kyoto, j’ai une

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Depuis deux jours que je suis à Kyoto, j’ai une sensation très étrange, celle de marcher dans Fûdo, les 5 paysages panoramiques que j’ai construit pendant 2 ans après mon premier court séjour japonais. Lorsque je marchais dans Kyoto, pendant ce premier séjour je ne savais pas que j’allais réaliser ces paysages, et je prenais en photo les jeunes japonaises et japonais pendant que mon esprit regardait autre chose.

Les portes des maisons, les palissades de bois et de bambous, les trottoirs minutieusement longés de lignes de galets, les rigoles entre les maisons, les étagères de bonzaïs devant les portes, les portes et les fenêtres coulissantes, les stores, les kakemonos de couleur, la mousse dans les jardins, le sable et le gravier fin des bordures, la façon dont tout est séparé en strates, le bois, la pierre, la mousse, les toits en ardoise, on a l’impression de marcher dans un monde reconstruit.

Je comprends aujourd’hui pourquoi je me suis attaché à reconstruire patiemment ce curieux monde urbain qui ressemble toujours aux estampes d’Hokusai avec un vent futuriste.
Heureusement que j’ai fait ce travail car si je ne l’avais pas réalisé, c’est exactement la même chose que je voudrais refaire aujourd’hui.

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lien vers FUDO

Pour l’instant rien de nouveau ne me vient en tête et je repasse dans ma tête le travail mental dans lequel je m’étais plongé pendant ces deux années.
Du coup tout ce que je vois me fascine doublement comme si je retrouvais dans le réel un monde imaginaire.

Hier, la journée a été calme j’ai déjeuné avec le directeur et B., puis je suis revenu par les ruelles jusqu’à l’Institut.
Derrière l’institut il y a un quartier avec de minuscules ruelles, comme il y en a partout dans la ville, on a l’impression d’être dans un vieux quartier de Shanghai, mais dans un style japonais, en bois, tout est net et minuscule, il y a des petits bassins devant les maisons, des petites portes, des petits arbres… et malgré la promiscuité un silence absolu, on se demande ce que font tous ces gens dans leur maison, comme s’ils flottaient sur leur tatamis, on n’entend même pas le bruit des baguettes…

Ce matin j’ai déjeuné à l’Institut, en arrivant dans le hall, on m’a dit vous connaissez Mr Ogachi ?
C’est incroyable car c’était un copain que je voyais souvent en France (il faisait une maîtrise sur le nouveau roman), qui n’est pas de Kyoto et qui travaille maintenant dans la bibliothèque de l’Institut. On était ravi de se retrouver par hasard.

Après le déjeuner j’ai remonté les avenues en direction du Temple d’Argent, la lumière était orangée et rasante sur le jardin de mousse et tout est cotonneux.

Je regardais un jardinier agenouillé sur un tapis de mousse de plusieurs centaines de mètre carré en train de la nettoyer avec une minuscule pince à épiler en bambous.

Ce monde arrangé et poussé dans les extrémités de la sophistication et de l’esthétique plonge dans une irréalité très sereine.
J’ai compris que ce qui est montré c’est l’illusion, c’est parce-qu’ils savent que tout n’est qu’illusion, puisqu’ils sont bouddhistes, qu’ils la montrent avec autant de force.
Du coup j’ai repensé aux cultures qui croient en l’illusion, comme l’Inde qui la signifie différemment mais avec la même force.
Elle sait que tout n’est qu’illusion et elle le rappelle en chaque chose.
On voit bien dans la rue, dans les yeux, dans la façon de marcher et de vivre que tout le monde le sait.
J’ai pensé que ces pays là avaient en commun d’être extrêmement calmes, posés et sereins.
Du coup j’ai pensé que nous en Occident qui ne croyons pas en l’illusion, qui n’y croyons plus peut-être nous prenons tout ce qui est illusoire pour la réalité.

Et il est pas impossible que notre stress vienne de là. Car quand on y pense c’est très pénible de prendre des illusions pour la réalité, car on voit bien que ça marche pas bien.
C’est un combat perdu d’avance, mais nous sommes trop structurés par l’empire de la raison pour lâcher prise et nous continuons à avancer en pensant que tout est réel.
On voit bien dans la rue en Occident, qu’on ne le sait pas, que ce qu’on croit être la réalité n’est pas solide. Et on s’appuie sur des choses qui bougent et s’évaporent, alors forcément on s’énerve et on se sent insécurisés…
Les médias disent que c’est à cause de ceci ou de cela, des histoires de transport, d’argent ou d’heures de travail mais au fond la vraie raison je crois que c’est ça.

J’ai pensé à cela en marchant et en remontant sur plusieurs kilomètres le chemin de la Philosophie.
Ca me faisait rire, je reviendrai pour cogiter.
Ces ruelles, sur les collines sont magnifiques, on domine le centre de Kyoto, et on longe des villas alignés et toutes jolies dans de petits jardins. De temps à autre sur la droite ou sur la gauche il y a un temple tout en bois, avec l’encens, les lampions, les lanternes en pierre et les bassins avec de grosses cuillères de bois.

Je suis repassé dans ma chambre, j’ai mangé puis je suis reparti dans la nuit à l’assaut de la ville pour remonter sur plusieurs kilomètres et pénétrer dans mon premier sento.
Les sento sont les bains publics japonais, depuis toujours les japonais les utilisent plusieurs fois par semaine, moins aujourd’hui.
Ils sont alimentés par des sources chaudes naturelles et il y en a partout.
Certains sont magnifiques, d’autres rudimentaires comme un petit hammam de quartier.

Celui-ci était drôle, au fond d’un petit impasse, on se serait cru dans les années 50, dans l’entrée le propriétaire en socques de bois se chauffait au dessus d’un poêle à pétrole.
Sur le côté il y a de vieux casiers en bois pour se déshabiller.
J’ai plongé dans les bains bouillants après m’être savonné et rincé.
Un vieux japonais voulait savoir d’où je venais, quand il a compris que j’étais français, ça l’a rendu euphorique et il m’a dit plein de choses en japonais, puis lorsque je suis parti il m’a dit en s’appliquant au revoir monsieur.
Après le bain je me suis assis sur un vieux fauteuil en cuir, comme il y en avait autrefois chez les coiffeurs mais avec des mains métalliques qui sortent du dossier, lorsqu’on glisse 10 yens (7 cts) dans un fente les quatre mains s’agitent et massent le dos et les épaules.

Je suis revenu le corps tout fumant et détendu dans les rues fraîches jusqu’à l’Institut.

29 janvier 2007

Je suis arrivé à Osaka hier matin à 10

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Je suis arrivé à Osaka hier matin à 10 heures.
J’ai profité du vol tout le long, car je n’ai pas dormi une seule minute.
La chef de cabine, m’a invité à boire un whisky au bar affaire et nous avons longuement parlé de Kyoto. Elle est hôtesse depuis 30 ans et a choisi de l’être parce-qu’elle voulait venir une fois par mois au Japon, ce qu’elle fait depuis.
Elle parle japonais et elle incarne la parfaite hôtesse des années 60, classe, sexy, cultivée… avec une vie aventureuse. Elle analyse parfaitement son goût du nomadisme. J’aime la façon dont elle aime son métier après 30 années.
Ca m’a fait passer le temps et c’était agréable.

Tous ces gens qui vivent dans les avions sont bien étranges. Les avions eux mêmes sont étranges. A chaque fois j’y pense.
Cette grosse machine de fer, qui vole à 10 km au dessus des plaines glacées de la Sibérie par -60°c, dans la nuit polaire et qui me transporte de Paris au Japon, en m’enveloppant de cognacs, de films et de couvertures c’est une sensation qui me réjouit à chaque fois !
Je suis toujours stupéfait quand j’entends soupirer à propos de la longueur des voyages.
Pour moi ces transports en quelques heures d’un point à l’autre de la planète ont le confort de la téléportation avec quelques sensations en plus, la perception de la nuit glacée juste de l’autre côté du hublot, les lumières au bord du lac Baïkal… même le bruit de la machine participe à mon plaisir.

En sortant de l’aérogare, j’ai cherché le train pour Kyoto, et tout s’est fait avec une incroyable fluidité, comme si c’était un parcours familier.
Dès que l’on rentre dans le train l’exotisme du Japon jaillit sur les fenêtres.
J’avais oublié, cette multitudes de petites maisons, construites à 30 cm les unes des autres, entre les voies de chemin de fer, sur les collines, avec de minuscules terrains où poussent des choux même au centre d’Osaka.
Les premiers quartiers en venant du port son populaires et on voit un Japon très modeste avec des enfants qui jouent au Base Ball entre les lotissements. Après on entre dans Osaka puis le train s’avance vers les collines et Kyoto.

Il y a une foule d’images très courtes qui me déréalisent immédiatement tout en me détendant lorsque je pose le pied au Japon. Le contrôleur qui entre et se prosterne en récitant des formules de politesse avant de contrôler les billets, le chauffeur du train en gants blancs qui fait de même, la façon de faire la queue avant de pénétrer dans le train… les pêcheurs à la ligne rangés en ligne au bord d’un lac.

Je suis arrivé à Kyoto à midi. Un taxi lui aussi en gants blancs, comme tous les taxis au Japon, avec des napperons de dentelle sur les sièges m’a conduit jusqu’à l’Institut Franco-japonais.
Mon rendez-vous n’étant qu’à 15 heures, j’ai aperçu un tori (grande porte orange à l’entrée des temples) au bout de la rue et m’y suis dirigé pour attendre l’heure de mon rendez-vous.
J’ai passé les premières heures de mon séjour, assis à regarder les personnes qui entraient et sortaient dans ce temple à ciel ouvert, avec une fontaine qui coule, des lampions qui se balancent entre les pins ensoleillés.

Là aussi j’ai assisté à toutes sortes de manifestations exotiques. Six jeunes motards qui encerclent le bassin en se tenant les mains et en chantant pendant une demi heure des chants graves comme le sont les chants bouddhistes tibétains… puis ils sont repartis en riant et en réenfourchant leur moto…
Il n’y a pas de cris, on à la sensation que tout glisse, même les voitures semblent plus amorties qu’ailleurs. Les feux rouges font le bruit du coucou lorsque c'est rouge et du rossignol lorsque c'est vert.

J’ai l’impression qu’on me fait des perfusions de valium.
Tellement que pour replonger dans la réalité je me suis imaginé une heure durant que j’avais oublié quelque chose d’essentiel dans l’avion, avant de m’apercevoir que je m’étais trompé.
Du coup j’ai éprouvé plein de frayeur avant de me détendre.
Ce devait être ma réticence à lâcher prise qui m’a fait inventer cette histoire.

La secrétaire de l’Institut m’a gentiment acceuilli, m’a fait visiter les lieux, et ma chambre tout en haut (la partie jaune en haut à droite sur l’image).
Cet institut date des années 30, et est typique de la France de cette époque.
Paul Claudel a été son premier directeur je crois, aujourd’hui il a été rénové mais en 2002 j’avais vu la vielle bibliothèque encore à peu près dans l’état ou Claudel l’avait laissée.
J’aime bien ma chambre, elle est en angle et donne sur les collines ensoleillées de Kyoto.
Je travaille à mon bureau où j’ai même une connexion internet.
Le dimanche et le lundi l’Institut est fermé, et c’est étrange d’être dans ce grand bâtiment vide, tout seul. Je suis seul à y dormir et ça me plait…
En dessous il y a une grande bibliothèque, les bureaux etc. puis au rez-de-chaussée un restaurant français.

A la nuit tombée je suis allé au bout de la rue pour manger.
La nourriture, je ne m’en souvenais plus, est très peu chère semble-t-il.
Je suis entré dans une sorte de restaurant où on choisit ses plats sur une machine en payant dans la machine, puis on donne le ticket des plats pré-choisis et pré-payés au cuisinier qui les confectionne et les apporte.

En sortant du restaurant je me suis arrêté au supermarché pour ramener de quoi manger dans ma chambre, des brioches avec des fraises entières à l’intérieur, du café pré-chauffé en bidon métallique, des boules blanches qui explosent dans la bouche et font couler du chocolat du saké...

En revenant, j’ai marché dans les rues sous les pins, avec les vélos qui me frôlaient silencieusement dans la nuit, les lampions éclairés et ce calme inouï du Japon qui me fait un effet immédiat.
J’ai ouvert le grand portail métallique et me suis promené dans le jardin pour aller saluer le buste du Fondateur japonais de l’Institut.
Puis je suis monté au dernier étage et me suis endormi en plein décalage horaire pour une sublime nuit sans réveil de 8 heures ! Je me suis réveillé ce matin à 7 heures reposé et d'excellente humeur.

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